Exposition de Peinture

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Vernissage : vendredi 16 juillet à 18h..

Visites guidées : samedi 17 juillet et mercredi 25 août à partir de 10h30

"L’univers d’Isidore

A chaque fois que je me place devant un tableau d’Isidore, je fais une rencontre. L’univers qu’il y expose me happe instantanément par sa grande force onirique et poétique.

En fait, chacun de ses tableaux, grâce à la subtile correspondance du choix des couleurs, des contrastes clairs et sombres, des formes et de l’ambiance lumineuse, installe instantanément le spectateur comme devant un film. Mon regard plonge dans l’image, aimanté par ce qui avive mes désirs, évoque des fragments de vie ou de songes, m’émeut. Et elle s’ouvre comme une histoire à mon imaginaire.

Voici un grand homme : saint François d’Assise, qui semble dialoguer télépathiquement  avec le corbeau qui lui fait face, sur la vanité humaine et la force destructrice de nos volontés.

Là ce sont les cheminées de pierre d’un canyon, érodées par le vent, paysage aride au milieu duquel j’imagine Federico Garcia Lorca cheminant sous le soleil implacable. 

Ici tout l’inverse : le cosmos sans limites, peuplé de géants et de génies tutélaires, de chevaliers cosmiques, de chevaux libérés de l’apesanteur, d’Eves et d’Adams pleins de désirs. Mais aussi d’âmes en errance apparues fugitivement sur la toile, pour jeter un œil éteint sur notre monde, mais qui bientôt s’effaceront pour repartir dans les limbes.

Et là, voici la jungle foisonnante, qui bruisse de vie, où les perroquets insolents, le paresseux discret et les fleurs de frangipanier nacrées et teintées de rose symbolisent, comme chaque recoin de la toile, la vie animale et végétale dans tout son mystère et sa splendeur.

Isidore est un révélateur et un passeur d’âmes. Un tableau emblématique de ce point de vue est celui où sur la mer houleuse s’aventure une longue barque qui porte des hommes et des femmes.  Des migrants, qui, comme depuis l’aube des temps, fuient une terre ingrate ou un destin contraire. Comme mes aïeux. Eux peut-être arriveront-ils à destination ? Car leur passeur n’est pas un rapace, mais un ange souverain qui les guide sur les flots.

Je peux m’absorber longuement dans la contemplation de ses œuvres, car toujours de nouveaux détails y apparaissent. Il a le chic pour cacher dans les plis de la matière un profil, un œil, une silhouette, une présence sous-jacente, qui n’apparaîtront qu’aux regards absorbés et aux cerveaux imaginatifs. L’oeil rebondit dans le tableau, porté par les lignes, les contrastes de couleur, et s’arrête sur les zones d’ombre où se cachent les formes. Quelle joie émane de ce couple enlacé qui flotte dans la toile ! Il est indifférent au reste du monde, et aux monstres qui happent de leurs bras et gueules de belles femmes inconscientes.

Dans certaines toiles, les jeux de transparence qui permettent à différents plans de se chevaucher et donc à différentes scènes de coexister, et d’inter-agir, sont comme l’illustration de l’insondable profondeur de l’inconscient humain, de sa force et de celle de nos pulsions de vie et de mort. Et ces forces primitives puissantes se heurtent à l’artificialité et à la normativité imposées à nos vies.

Isidore associe toujours étroitement l’homme et la nature, nous ramenant à nos origines. La force vitale de celle-ci nous subjugue. Chevaux, éléphants, monstres, singes, bouc, oiseaux, papillons, chimères, chiens de garde, et aussi, visages, expressifs ou non, silhouettes, floues ou éclatantes, nous parlent littéralement et symboliquement, servent parfaitement la narration qu’il nous offre. Aussi s’en laisser imprégner nous immerge dans une merveilleuse osmose avec la force créatrice de l’artiste."

Anne-Catherine Rigal

 

Ludovic Isidore par lui-même.

Né le 21 juin 1968, mes ancêtres sont antillais, amérindiens, bretons;  autodidacte, je vis et travaille à Uzès dans l'atelier une ancienne menuiserie, un endroit où je me sens bien,  j'ai un vieux fauteuil,  je passe des vinyles: Fauré, Mingus, Lester... selon l'humeur, ça fait partie du boulot !

Les voyages aussi ... j'explore, j'observe les mondes au gré des rencontres, mondes réels, invisibles, intérieurs, et j'en reviens grandi, comme aimanté par cet atelier.

Je joue avec le sérieux d'un enfant,  je navigue entre lavis, traits, coulures, aplats, plusieurs techniques m'attirent, la gravure en est une. Je privilégie souvent la spontanéité et les visions rugissantes.