Mademoiselle de Joncquières d'Emmanuel Mouret

Comment démêler le vrai du faux, la victime du bourreau, la vengeance de la justice ? Ce film d’Emmanuel Mouret, adapté d’un récit de Diderot est une pure réussite !

 

 

Emmanuel Mouret est un réalisateur fin et poétique, explorateur et philosophe du sentiment amoureux sous tous ses aspects. Il est une figure du nouveau cinéma d’auteur des années 2000.

Habituellement acteur principal de ses films : interprétant un jeune homme timide, hésitant, surpris et plein d’interrogations… Ce faux candide est en constante analyse de l’expérience de ses sentiments et du mystère de la relation à l’autre.

Avec Mademoiselle de Joncquières, c’est tout simplement la force de cette analyse qui nous touche en plein cœur. Un réalisateur de talent se révèle avec d’autant plus de force qu’il se cache… :

  • derrière une époque (celle du 18e siècle et du libertinage),
  • derrière le texte (le récit tiré du roman Jacques le fataliste et son maître de Diderot est inspiré d'une histoire vraie),
  • mais aussi derrière ses acteurs (tous sonnent justes et sont à la hauteur du drame).

Une jeune veuve résiste, malgré ses lointains espoirs déçus, à l’amour qu’on lui offre. Elle sait pertinemment que ce jeu de la séduction cache une guerre aux armes inégales qui peut détruire son cœur et sa réputation. Elle choisit pourtant, malgré ses réticences, de croire qu’un amour sincère est possible avec celui que l’on connaît comme un libertin séducteur… Cet homme paraît sincère et pour la première fois depuis longtemps s’efforce de ne pas décevoir sa maîtresse.

Pourtant, le temps révèle une inégalité des sentiments : si elle est satisfaite et toujours aussi amoureuse, ce n’est plus son cas. Elle choisit de le mettre à l’épreuve en lui donnant l’opportunité de se libérer…

Le suspense psychologique est à son comble : la blessure est trop grande pour accepter ce constat déchirant. Son grand amour doit faussement se transformer en amitié et Madame de la Pommeraye ne veut pas seulement punir son amant, mais venger toutes les femmes victimes de son siècle. Mais la victime est-elle vraiment celle que l’on croit, jusqu’où ira-t-elle ?

Son appât, la jeune Mademoiselle de Joncquières, victime d’une machination qu’elle n’a pas choisi, se révèlera être, au péril de sa vie, peut-être la véritable héroïne de cette histoire. Le libertinage du 18e siècle laisserait-il place au romantisme du 19e ?

 

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